Et moi, et moi, et moi …

 dans la catégorie Air du temps

Et si le coronavirus masquait un signal, celui du temps du changement, comme si les hommes n’étaient pas capables de le provoquer eux-mêmes ?

Les consciences individuelles ou collectives ont été jusqu’à présent inopérantes. Installés dans nos vies routinières, nous nous attachons à nos repères d’enfance, nos repères professionnels, personnels. Nous confondons être et avoir, désirer et posséder. Nous nous attachons au futile pour nous cacher l’essentiel. Une crise sanitaire révèle une société malade.

Nous ressentons que tout doit changer, car la planète meurt donc les humains avec. C’est là où nous devons nous engager. L’ouvrage de notre vie peut sembler détruit. Tant mieux : tout est à reconstruire. Mais pas de la même façon. À ce jeu-là, pas de triche. Ce monde d’egos, ce monde d’experts qui se contredisent en joutes médiatiques, agace. Le choc à venir est sans précédent. Nous ne le maitriserons que si nous l’anticipons. Dans le cas contraire, il s’imposera à nos enfants. À l’opposé de l’égoïsme, du « Et moi et moi et moi », il y a l’altérité engagée. Nous avons donc, aujourd’hui, le choix entre deux voies.

La première nous fait devenir des êtres se pensant libres, mais en fait aliénés. Nous pouvons être asservis sans le savoir. Les Gafas et autres majors d’un monde connecté, c’est l’esclavage doux, sans dictateur ni complot. C’est le monde qu’Alvin Toffler prévoyait dans

« Le Choc du futur », en 1974.

La seconde voie consiste à s’ouvrir à l’autre, sans concessions ni laxisme, à construire en tenant compte de l’avenir de nos enfants. C’est la voie collective, celle de l’altérité. La route est plus difficile, parfois pénible, et le questionnement permanent. Elle nous fait rester debout, sans genou à terre, fatigués, dans la réflexion, mais aussi dans l’action. Elle nous fait quitter nos zones de confort.

« Le sens de la vie supprimé, il reste encore la vie » (Camus, L’Homme révolté). Le sens, c’est à nous, à le trouver et à le partager.

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